ISIS et l’Asie Centrale - extract 1

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Les attentats de Saint Pétersbourg et de Stockholm les 3 et 7 avril 2017 respectivement sont venus rappeler que la mouvance islamiste radicale n’épargne pas les ressortissants des pays d’Asie Centrale. Les auteurs de ces attentats, Akbarjon Djalilov, un kirghiz, et Rakhmat Akilov, un ouzbek, tous les deux ouvriers dans leurs pays d’accueil, et ayant voulu rejoindre la Syrie, se sont tous deux radicalisés au contact de recruteurs soit tchétchènes soit de la diaspora d’Asie centrale .

L’établissement, ou l’expansion, de l’ « Etat Khorasan » est devenu une motivation pour les djihadistes d’Asie Centrale, à tel point qu’ISIS cherche à développer des alliances avec des groupes comme le Tehreek-I-Taliban afin d’unifier à terme les groupes terroristes sous la bannière d’ISIS.

Pour les Etats d’Asie Centrale, il s’agit avant tout de contrôler tout retour de Syrie ou d’Irak des djihadistes nationaux au pays et de limiter la contagion islamiste radicale sur leurs sols respectifs. Malgré la faiblesse des gouvernements et en dépit du contexte économique, la pénétration d’ISIS demeure tout de même complexe, pour des raisons essentiellement sociales et culturelles. Les travailleurs immigrés de ces pays en Russie, en Turquie et en Union Européenne, en deviennent donc une cible privilégiée car plus facile pour la propagande islamiste.

I. Faiblesse des pouvoirs étatiques

Les gouvernements des états d’Asie Centrale sont souvent qualifiés d’autoritaires, voire d’autocratiques : le discours politique de l’ancien chef d’état ouzbek M. Karimov ou la manière de gérer les affaires de l’Etat au Tadjikistan en sont des exemples. En parallèle, le système politique reste fermé (taux de 90 à 99% pour la personne du chef de l’Etat aux élections présidentielles au Kazakhstan depuis une dizaine d’années).

Le népotisme et la corruption sont souvent dénoncés sur place et par les organisations non gouvernementales. En Ouzbékistan, une réforme de la police a été lancée afin de la rendre moins perméable à la corruption et aux abus de pouvoir : c’est au cours de la journée de la Constitution que le nouveau président ouzbek M. Mirziyoyev a indiqué soutenir la demande de la population à plus de transparence au sein du ministère de l’intérieur et à la création d’un mécanisme de plainte en cas d’abus.

La marginalisation politique de certains groupes ethniques (comme les chiites au Tadjikistan) entraine également des tensions au sein de la population. Les incidents de la vallée de Ferghana en sont un exemple. L’attitude de l’Etat ne favorise pas un apaisement de la situation en général, ce qui peut expliquer en partie que la population se tourne de plus en plus vers une vision religieuse extrémiste : en 2010, on pouvait compter 1% d’islamistes engagés, et 10% qui observaient la situation ; en 2016, ils sont 2% d’extrémistes et au moins 15% de fidèles attentifs parmi des croyants .

La situation économique des pays d’Asie Centrale est mauvaise dans son ensemble et la baisse des matières premières ces dernières années ont grevé les budgets nationaux. La moyenne de la population des pays d’Asie Centrale vivant sous le seuil de 1,25 $ par jour est de près de 10% (seul le Kazakhstan présente un taux inférieur aux pays du Moyen-Orient) . Révélateur de la stagnation économique, l’émigration est forte : 4 millions de personnes originaires de la région travaillent à l’étranger, principalement en Fédération de Russie .

La situation économique comme les tensions ethniques ainsi que l’inéquation étatique à gérer ces problèmes favorisent le développement d’attitudes religieuses radicales dans la région : au Kirghizistan, l’un des pays les moins islamiques, avant 1991, il n’y avait que 39 mosquées officielles (et 1 000 clandestines), elles sont aujourd’hui plus de 2 000 . En mars 2016, le Bulan institute for Peace innovations a publié un rapport qui indique que les madrasas kirghizes opèrent souvent sans avoir obtenu l’autorisation administrative . La menace de radicalisation est, de plus, souvent utilisée par le pouvoir étatique pour accroitre la répression et limiter les libertés civiques (contre la minorité ouzbèke au Kirghizistan par exemple).

Face à une menace sur son flanc sud, la Fédération de Russie apporte une aide militaire intéressée à ces pays. Lors du sommet de la Communauté des Etats indépendants (CEI) à Astana au Kazakhstan cette année, le président Poutine a proposé aux différents membres de la CEI de former des unités conjointes de garde-frontières afin de régler les éventuelles situations de crise .

Il n’en reste pas moins vrai qu’ISIS ne s’est toujours pas implanté de manière décisive dans la région pour de multiples raisons que nous allons étudier.

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